Des silex taillés retrouvés lors des fondations des Flanades et au Mont-de-Gif témoignent d’une activité humaine remontant au moins au paléolithique.
Sur Sarcelles : des pièces de monnaie romaines à l’effigie de Constantin, de petits édifices gallo-romains sous l’église, un hypocauste (système de chauffage par le sol, datant entre 190 à 230 ap. JC) vers le Haut-du-Roy. C’est probablement à cette époque que le village de Sarcelles est né sur la voie de Paris à Luzarches.
« Sarcelle » ou canard sauvage figurant sur les anciens blasons ; en réalité, les trois oiseaux représentés sur le blason du marquisat de Sarcelles seraient des merlettes.
« Cercella » domaine de « Cercellus », suivant la tradition, tirerait son nom du premier propriétaire romain de la localité.
« Cercella » qui dans la langue gallo-romaine signifierait lieu où l’on fabrique des cercles ou cerceaux pour les barriques de vin. Rappelons que la vigne fut introduite en France par les Romains et que Sarcelles eut un passé de vignerons.
À partir du Ve siècle et après l’effondrement de l’empire romain, la civilisation mérovingienne s’installe dans notre région et jusqu’à l’arrivée des Francs, se développe à Sarcelles où sa présence a été vérifiée lors de fouilles.
Un écrit de Jean Mabillon expliqué par l’Abbé Lebœuf, auteur de « Histoire de la ville et du diocèse », mettrait Sarcelles parmi les terres où les rois avaient un palais : un palais aurait existé et serait l’actuel Haut-du-Roy.
Dans une charte datant de 832, la villa de Sarcelles aurait été rattachée à l’abbaye de Saint-Denis. À cette époque, on dénombre trois moulins sur le cours du Petit Rosne, rivière traversant Sarcelles en venant du bas d’Écouen, passant par le centre du village, pour gagner le Haut-du-Roy. Des vestiges des moulins subsistent aujourd’hui. Rappelons que c’est d’abord autour de la rivière que se sont concentrées les populations et développées les activités.
On peut dire, qu’en cette fin du IXe siècle, période carolingienne, Sarcelles fait partie de l’abbaye de Saint-Denis. C’est de cette époque que date la première construction de l’église. Poursuivie au XVIe, elle présente aujourd’hui, un harmonieux mélange de roman, de gothique et de renaissance.
L’abbaye de Saint-Denis pour se protéger fait appel aux seigneurs de Montmorency et la nomination de l’abbé de Saint-Denis Suger apporte un essor à l’agriculture qui profitera à Sarcelles. Par la suite, le domaine de Sarcelles cessa d’appartenir au royaume et fut partagé entre différents feudataires ou possesseurs de fiefs.
Amalric ou Amaury est seigneur de Sarcelles en 1260. Guichard et Hugues, chevaliers de Sarcelles ont droit de basse, moyenne et haute justice en 1276.Différents seigneurs se succèdent jusqu’à Souillard et Touillard de Poupaincourt en 1422 et 1430.
Sarcelles sera sous la domination anglaise de 1420 à 1436 et de nombreux biens seront réquisitionnés. Alors que Charles VII est consacré à Reims et poursuit la reconquête de la France, Jean de Poupaincourt se fixe à Sarcelles. Sa fille apportera à la mort de son père la terre de Sarcelles à Jean du Plessis qui jouissait d’un grand crédit auprès de Louis XI. Les Du Plessis permirent à Sarcelles de connaître une période brillante. Un château seigneurial s’éleva sur la rive gauche du Petit Rosne et la partie entre Chauffour et l’église prenant le nom de Richebourg vit fleurir de belles maisons.
Catherine de Médicis porta indirectement un coup fatal à Sarcelles dans sa guerre contre les Huguenots. Menés par Condé et vaincus, les huguenots se retirèrent en incendiant et pillant tout dans leur retraite sur Saint-Denis. Sarcelles faisant partie des villes dévastées perdit beaucoup dans les incendies, les pillages puis dans la fuite de sa population riche avec,la vente de ses domaines.
Roland de Neubourg devint seigneur de Sarcelles et habita la résidence de Giraudon pendant la restauration de son château. C’est à son fils que l’on doit la première école des filles à Sarcelles en 1655. Son successeur Louis de Neubourg obtint de Louis XIV, l’autorisation d’établir à Sarcelles deux foires par an et un marché tous les mardis.
Sarcelles entra en 1687 dans la maison des Hautefort jusqu’en 1777. C’est de 1767 que date le percement d’une nouvelle route entre la rue des Boves (aujourd’hui Bauves) et celle des Pilliers assurant une liaison directe pour traverser le village en direction d’Écouen.
Au XVIIe siècle, à côté d’une activité essentiellement agricole, Sarcelles fabriqua de la dentelle.
Le dernier seigneur de Sarcelles fut Armand Charles Emmanuel d’Hautefort en 1777. Nous sommes à la veille de la révolution. Fleurissent des recueils de poésies burlesques et satiriques, sarcellades dites en patois contre les Jésuites en particulier.
La première briqueterie est recensée entre 1764 et 1773.
Au XIXe siècle et jusqu’à la moitié du XXe siècle, cette activité se développe particulièrement autour de trois familles (Bastin, Censier, Girard) jusqu’en 1942.
L’assemblée du tiers état de la paroisse de Sarcelles se tient le 15 avril 1789 réclamant l’égalité devant l’impôt, son allègement et la suppression de certains droits : de franc fief, de péage… Sur 260 feux ou ménages, 80% de Sarcellois sont occupés à la terre ; on trouve 93 vignerons. Les biens du clergé sont confisqués. Le 3 janvier 1793, le château et la seigneurie de Sarcelles deviennent la propriété de M. de Montort, notaire à Paris. Les suites de la révolution sont désastreuses pour Sarcelles qui connaît une grande misère, des émeutes et des pillages dont celui du 19 brumaire 1796 où 17 voleurs pillent le moulin de Copin. La population est alors de 1060 habitants.
Le Sarcellois Louis-François Bethmont dit Robin est envoyé au bagne pour avoir participé à la commune. C’est à cette époque, en 1871 qu’est fixé par décision du Conseil municipal, l’emplacement de l’actuelle gare de Sarcelles Saint-Brice Ci-contre une des vues les plus anciennes de la gare vers 1892.
Après un morcellement absurde des cultures, vers 1810 et 1900, les terres s’échangent. Se pratique la culture plein champ avec les haricots, la culture de jardin avec le petit pois, la laitue, le poireau… et la culture en serre avec l’asperge, l’endive, le concombre… et chauffée avec l’ananas. L’hygiène est relative et le maire doit batailler avec ses habitants.
Victime d’une épidémie de Choléra en 1892 où s’illustra le docteur Galvani, Sarcelles sortira de la « féodalité » et se tournera entièrement vers l’agriculture ainsi que vers l’horticulture qui alimenteront les halles de Paris. L’école se développera mais la fréquentation scolaire restera liée aux travaux des champs. Sarcelles devient une des premières communes libérales en dispensant l’instituteur d’assurer les prières.
Sans accorder la même importance aux événements, Sarcelles fut victime de la guerre de 1914 où elle perdit 132 de ses habitants. En 1926, le village fut gravement inondé par sa rivière, le Petit Rosne, événement qui se reproduisit en 1992 et déboucha sur la mise en place d’un plan de protection contre les inondations. Le village eut à subir l’occupation allemande à partir du 13 juin 1940 et fut libéré le 28 août 1944 par le Groupement tactique Langlade de la 2e DB, aidé par les renseignements fournis par des résistants Sarcellois. Sarcelles compte alors 6 622 habitants. C’est une commune à caractère agricole qui eut à souffrir du lendemain de la guerre. Avec le temps, la population aidée par le développement des transports, profite de la création de petites entreprises et accueille des étrangers, ouvriers italiens et polonais et des réfugiés arméniens. À la date du terrible hiver 1954, la population est d’un peu plus de 8 000 habitants.
Il faut construire d’urgence. L’initiative personnelle de l’association Castors qui veut construire des logements à la limite de Pierrefitte va être à l’origine de la naissance des Lochères. La Caisse des Dépôts comprend l’intérêt des 270 ha de terrains agricoles de Sarcelles situés entre deux voies de chemin de fer (Paris-Lille et Paris-Beauvais), proches des zones d’emploi de la banlieue nord et des autoroutes A1 et A16. Elle décide de les acquérir. Commence alors la construction du Grand ensemble des Lochères qui s’étalera sur 20 ans.
Sarcelles-Lochères, ville d’un seul promoteur et d’un seul architecte reste comme le premier Grand ensemble français construit : 12 368 logements en 20 ans, témoins des expressions architecturales et techniques de constructions successives entre 1954 et 1974.
Bien qu’accédant à des logements adaptés, avec cuisine, toilettes, salle de bain, les premiers habitants eurent à souffrir d’une ville longtemps en chantier, considérée comme un dortoir, effrayante par la densité de ses constructions et déroutante par son urbanisme. Ce mal fut connu sous le nom de « Sarcellite ».
Sarcelles est une ville de 58 000 habitants, regroupant une centaine d’ethnies, sous-préfecture depuis 2004, dotée d’un projet urbain.