Que s’est-il passé ?
../..Alors que la guerre d’Algérie (1954-1962) touche à sa fin, la tension entre la police parisienne, alors dirigée par Maurice Papon – également impliqué dans la rafle de 1 600 juifs à Bordeaux entre 1942 et 1944 – et le FLN s’accroît, jusqu’à la mise en place d’un couvre-feu, pour les « Français musulmans d’Algérie » uniquement. Pour boycotter cette règle discriminatoire, la Fédération de France du FLN organise, le 17 octobre 1961, une large manifestation appelant hommes, femmes et enfants à défiler dans la capitale. La mobilisation est voulue pacifique, toute arme étant strictement interdite.
En fin d’après-midi, au moins 20 000 Algériens – et jusqu’à 40 000 selon des estimations internes au FLN – gagnent ainsi la rue. Mais la manifestation est rapidement et durement réprimée par la police parisienne, échaudée par la diffusion de fausses informations faisant état de plusieurs morts et blessés parmi les forces de police. De nombreux manifestants sont tués : passés à tabac, dans la rue ou dans les centres d’internement vers lesquels ils étaient emmenés, jetés dans la Seine ou bien abattus par balle.
Lors de cette nuit sanglante, au moins 12 000 Algériens ont été arrêtés, et au moins 120 ont été tués – les estimations de certains historiens portant même le bilan à plus de 200 morts.
Dans quel contexte ce massacre a-t-il eu lieu ?
Tandis que la guerre fait rage en Algérie, les tensions sont aussi vives en France en octobre 1961, où police parisienne et membres du FLN se livrent une bataille violente. Des sévices sont régulièrement perpétrés par les forces de l’ordre sur des Algériens détenus.
Dans une escalade de la violence, les actions du FLN se font de plus en plus sanglantes à mesure que la répression française contre les Algériens se durcit. En septembre 1961, cinq policiers français avaient notamment été tués lors d’attaques du FLN.
« Si la mort d’un agent en service fait normalement l’objet d’une prise en charge institutionnelle, à l’époque le préfet Maurice Papon choisit de suspendre les obsèques solennelles, car il ne peut y en avoir toutes les semaines et il craint les réactions de ses agents. On peut imaginer l’esprit de vengeance que génère ce contexte », souligne ainsi l’historien Emmanuel Blanchard../..
> extrait du journal Le Monde du 16 octobre 2021
- Lundi 17 octobre 2022 à 17h30 devant la stèle du centre sportif Nelson Mandela