Les Sarcellois embellissent leur quotidien avec « La poésie dans le tissu »
« La poésie dans le tissu » est un projet, cousu main, destiné à redonner à l’habitant sa place
dans l’espace urbain par le biais d’un outil : la littérature.
Accompagnés par l’association Civic city, rassemblant un réseau international et trans-disciplinaire, durant 6 mois, plus d’une centaine de Sarcellois ont participé à des ateliers littéraires, de couture et de calligraphie dans la perspective de réaliser une exposition éphémère, des mots tissés qui racontent leur quotidien.
« La poésie dans le tissu », c’est le souhait de faire de la littérature un outil d’échange et d’accueil de la différence. « À rebours de tendances visant à réduire les individus à des identités rétrécies, il s’agit ici de faire collectivement l’éloge du partage à travers la mise en commun de savoirs et d’expériences comme de tout ce qui échappe au savoir » assène Ruedi Baur.
Une ode au partage dont le point d’orgue est prévu le 8 octobre prochain, à l’occasion du dévoilement de l’installation collective, place André Gide, sorte d’exposition constituée de tissus venant du monde entier sur lesquels ont été cousues des paroles d’habitants.
Aussi, pendant une semaine, les habitants deviennent les conteurs de leur histoire, trop souvent racontée, disséquée, décortiquée par d’autres.
« Sarcelles, ville pionnière des grands ensembles et symbole de la France des périphéries, a toujours su cultiver une certaine singularité. Parfois au prix d’une image sociale, médiatique, façonnée par l’extérieur et non par les Sarcellois eux-mêmes.
À travers un projet faisant intervenir des chercheurs, des institutions publiques et des habitants, vécu par eux, non pas en tant que bénéficiaires d’un service rendu, mais comme des acteurs d’une démarche de construction, c’est une véritable volonté qui se fait jour : celle d’inscrire la vie au cœur de la ville.
Les actions initiées depuis 2021 par Ruedi et Vera Baur jettent un regard presque neuf sur
un quartier de banlieue populaire, au sein d’une ville hélas habituée à subir poncifs et images d’Épinal, et dont les habitants se voient régulièrement assignés à leur pauvreté ou leur identité. » affirme Patrick Haddad, Maire de Sarcelles.
Un projet humain pour se réapproprier des espaces urbains
Initiée par Ruedi et Vera Baur, designer et sociologue, en collaboration avec Meriem Jean-Marie cette initiative exemplaire, soutenue par l’agence nationale de la cohésion des territoires, CDC Habitat et l’Unesco, intervient dans un contexte d’échec de la politique de la ville pour remettre au cœur de la
conceptualisation des projets urbains, une vision sociale.
« J’ose l’humanité comme rempart à la barbarie. Face au mépris je prône le respect. Je n’ai pas de place pour la haine, elle me traverse parfois mais je m’efforce de créer au jour le jour de la beauté, de susciter le désir de fraternité à Sarcelles la belle, la ville que j’aime tant. » ajoute Chantal Ahounou, adjointe au maire chargée de la Démocratie locale, de la vie des quartiers de la lutte contre les discriminations, de la laïcité et des droits des femmes.
Sarcelles, ville emblématique du renouvellement urbain, caractérisée par sa diversité ethnique, fait figure de ville idéale pour ce projet mettant en valeur les richesses de ses habitants à commencer par leur connaissance de nombreuses langues. Aujourd’hui, la ville compte près de 60 000 habitants pour une centaine de communautés de toutes origines, de toutes cultures et de toutes religions.
Chiffres clés
Plus d’une centaine d’habitants ont contribué au projet en apportant textes, tissus, matériel et appui humain. La participation de six maisons de quartier de la ville qui ont mis au point la circulation d’une exposition itinérante et la réalisation d’ateliers. Une dizaine d’associations sarcelloises ont aussi permis au projet de voir le jour.
Ruedi Baur
Revendiquant un design interdisciplinaire et civique, il intervient sur des problématiques liées à l’identification, à l’orientation, à la scénographie et au design urbain comme à la représentation d’institutions, d’espaces urbains et de territoires politiques. Il pense son activité de designer dans le contexte de l’espace public. Il enseigne à la HEAD de Genève, à l’ENSAD Paris et à l’Université de Strasbourg.
Vera Baur
Fondatrice de Civic city en 2011, elle dirige également avec Ruedi Baur les ateliers, Intégral Designers, dix milliards humains. Sociologue, spécialisée en anthropologie visuelle, sciences culturelles et urbaines.
Meriem Jean-Marie
Designer social et interdisciplinaire et cofondatrice du projet Bôm avec l’atelier sensible, elle défend une approche du design humaniste et optimiste. Le prendre soin est au centre de sa démarche et de sa pratique.













